Pourquoi cet article ?
Trop souvent, la self-défense féminine est caricaturée : on pense qu’il suffit de crier, frapper ou fuir. En réalité, c’est bien plus complexe.
Un autre regard : Dépasser les clichés
À travers des témoignages d’expertes, de survivantes et de formatrices, on explore ce qu’implique vraiment “se défendre” quand on est une femme.
“Elle n’a pas réagi, donc elle était d’accord.” Faux.
Ces phrases entendues trop souvent traduisent une méconnaissance profonde des mécanismes de survie.
- La sidération (ou “freeze”) est une réaction automatique du corps, au même titre que la fuite ou la lutte. Ce n’est ni un choix, ni une faiblesse.
- En cas d’agression, le cerveau peut littéralement se figer. Cette réaction concerne jusqu’à 70 % des victimes de violences sexuelles (source : INSERM).
- Pourtant, elle reste largement incomprise — voire jugée.
Ce que disent les chiffres : une réalité étouffée
- 94 000 femmes déclarent chaque année avoir été victimes de viol ou de tentative de viol en France (INSEE).
- Moins de 10 % portent plainte.
- Moins de 1 % des agressions aboutissent à une condamnation (source : Public Sénat, 2024).
- Dans plus de 8 cas sur 10, l’agresseur est connu de la victime.
Ces chiffres montrent que la question n’est pas “Pourquoi elle ne s’est pas défendue ?” mais plutôt “Pourquoi est-ce encore à elle de se justifier ?”
La self-défense, bien plus que des coups
Aujourd’hui, des formatrices proposent une vision élargie et plus réaliste de la self-défense féminine :
- Dire non clairement, sans s’excuser.
- Poser ses limites à voix haute.
- Partir sans culpabiliser.
- S’entraîner à des gestes simples et efficaces.
- Travailler la posture, la respiration, le mental.
- Connaître ses droits, ses recours et savoir demander de l’aide.
Comme le résume Céline, instructrice :
“Se défendre, ce n’est pas forcément frapper. C’est se réapproprier son corps, ses émotions et ses choix.”
Un outil d’émancipation et de sororité
Les cours de self-défense féminine sont aussi des espaces de reconstruction collective :
- Partage d’expériences.
- Entraide et empowerment.
- Reprise de confiance après un trauma.
Certaines femmes, comme Anne-Françoise, 72 ans, en parlent comme d’un tournant dans leur vie :
“Je me suis rendu compte que je pouvais encore apprendre à me défendre. C’est une force que personne ne peut m’enlever.”
Conclusion : Oui, on peut se défendre. Mais pas comme dans les films.
Se défendre, ce n’est pas toujours se battre.
- C’est parfois dire non.
- Ne pas répondre.
- Fuir.
- Ou simplement survivre.
C’est aussi exiger le droit de ne pas toujours être en alerte.
La self-défense féminine, c’est une compétence, mais aussi un droit — à notre rythme, selon nos moyens.