La question “Pourquoi tu n’as pas crié ?” revient souvent après une agression. Elle est blessante, injuste… et surtout, elle méconnaît un fait neurologique : la sidération.


Le phénomène de sidération : Une réponse du cerveau

La sidération est une réaction automatique du cerveau face à un danger extrême. Elle provoque une paralysie totale :

  • Plus de mots
  • Plus de gestes
  • Plus de fuite possible

On est figé·e, comme pétrifié·e.
Ce n’est ni une faiblesse, ni un choix. C’est un réflexe de survie, aussi instinctif que respirer.


Que se passe-t-il dans le cerveau ?

  • L’amygdale détecte le danger et déclenche un stress intense : montée d’adrénaline, de cortisol…
  • Le cortex préfrontal, responsable de la réflexion et de la prise de décision, se désactive.
  • Résultat : le corps entre en mode “gel” (freeze), comme s’il se mettait en veille pour survivre.

👉 Cette réaction est fréquente en cas de violences sexuelles. Elle est documentée par les neurosciences et observée chez de nombreuses victimes (sources : France Culture, Psychologue.net, EMDR79).


Témoignages de sidération

“Je voulais hurler, mais aucun son ne sortait. J’étais comme enfermée dans mon corps.”
— Camille, 23 ans

“Je criais dans ma tête, mais à l’extérieur… rien.”
— Samira, 34 ans


Vers une reconnaissance dans la loi ?

Un projet de loi, porté par la députée Sabrina Sebaihi, propose d’intégrer la sidération comme mode de contrainte dans la définition légale du viol (source : Nice-Matin).

Aujourd’hui, la loi exige des signes de résistance physique (cri, fuite…). Or, la sidération empêche toute réaction.

Reconnaître ce phénomène permettrait de :

  • Mieux protéger les victimes.
  • Adapter les critères de preuve à la réalité neurologique.
  • Déculpabiliser celles et ceux qui n’ont pas pu réagir.

Ce qu’il faut retenir

  • Ne pas crier ne signifie jamais consentir.
  • La sidération est une réaction normale, automatique, neurologique.
  • Il est temps que la justice et la société l’intègrent pleinement.

Et maintenant ?

  • Sensibiliser autour de soi.
  • Former les professionnel·les de santé, justice, éducation.
  • Écouter les victimes avec bienveillance, sans jugement.

Un corps figé n’a pas “rien fait”. Il a survécu.